"odi et amo" J. C.

4.4.14

Pulau Pelni [12/Merauke]

L'arrivée à Merauke me semble interminable.
Je me dis que c'est fou le pouvoir de la psychologie
quand on m'explique que le bateau a ralenti 
car les eaux sont très peu profondes, 
même si on ne voit pas encore la côte.

Quelle ambiance ces deux derniers jours,
dans le bateau presque vide.




J'attends avec Oma que ses enfants viennent la chercher,
ils arrivent, on discute, je ne comprends pas tout quand elle leur parle de moi,
mais je comprends que c'est élogieux, forcément, je suis invité.
Je monte derrière la petite moto de son fils. Il me remercie de m'être occupé d'elle.
Il est émouvant ce trajet.
Oma distribue des cadeaux de Java,  car on ne trouve pas de tout à Merauke.
On s'assoit par terre & on mange, pour le retour de la grand-mère.
Son fils & sa femme exercent exactement les mêmes métiers que mes parents,
ils ont un fils à peine plus jeune que moi & deux autres enfants plus jeunes.
Je contemple cet avatar familial ébahi.

Le lendemain, on part faire un tour en ville.
Tiens, on peut acheter des têtes de wallabies au marché.
Forcément, petit contrôle des papiers.
Le deuxième arrêt est le poste de police pour obtenir le surat jalan :
 le laisser passer obligatoire pour tous les étrangers.
Interrogatoire interminable. 
Au final, le boss n'est pas là, & je ne peux pas l'avoir.
Mais comment savent-ils que j'ai fait des photos à Amamapare ? 
Alors on continue : on reviendra lundi.
Le soir, on rentre : 
"La police a appelé de Jakarta ce matin,
 ils voulaient confirmation que nous hébergions un photographe."
Tiens donc.
Tous ces contrôles d'identité m'ont fatigué, 
j'ai l'impression de connaître tout les flics de la ville.
Je n'imagine même pas dans quelle merde je serais 
si j'avais été accueilli chez une famille papoue.
Le lendemain rebelote & lundi, j'apprends qu'il n'y aura pas
de surat jalan pour moi : "Pergi tolong."
Alors je m'exécute. 
Je réserve un billet d'avion pour le surlendemain à destination de Makassar.
J'ai eu le temps de sympathiser avec la moitié du quartier.


Je me sens triste, frustré, mais si serein
quand l'avion s'arrache du sol.
Dans 2h je serai à Makassar 
(après un passage express à Jayapura & ses hélicoptères aux 1000 roquettes)
dire que j'y étais il y a 10 jours.
Mais quels 10 jours.

(je serai encore plus frustré de voir que j'ai bousillé
mon film de Merauke en le collant sur un autre film
au développement chez Luka ; je hais les spires)